Inventaire des principaux objets ou vestiges archéologiques retrouvés à Capdenac depuis 1816
Période préhistorique
La déesse Chasséenne (– 3500 ans avant notre ère)
Extrait du bulletin de la société des Etudes du Lot ; 3e fascicule 1976 Juillet Septembre ; Tome XCVII. Par Jean CLOTTES et Michel CARRIERE
« Le 8 mai 1976, nous avons déposé au musée de Cahors, où elle est dorénavant exposée, une statuette féminine, très probablement néolithique, découverte en 1973 sur notre chantier de fouilles de Capdenac Le Haut (Lot).
Le site de Capdenac, particulièrement propice à un habitat, a été occupé de très longue date. Depuis 1972, nous y étudions les vestiges de deux civilisations séparées dans le temps : Champs d’Urnes du Bronze final III et Chasséen. C’est au chasséen que nous attribuons la statue, qui fait l’objet de la présente note.
Le gisement est situé au pied d’une falaise et occupe une petite terrasse anciennement aménagée pour la culture de la Viopre. Lors de ces travaux, les cultivateurs ont modifié quelque peu le site, écrêtant quelques rochers ainsi que le haut de la couche au pied de la falaise et remblayant, au contraire, la partie la plus éloigné de celle-ci afin d’obtenir une sorte de terre plein à peu près horizontal, délimité par un mur en pierres sèches.
Sous une couche superficielle remaniée de 0m30 à 0m50 d’épaisseur.
Après une première occupation relativement courte (0m25), une coulée d’argile épaisse de 0m30 à 0m40 a recouvert et isolé une partie de l’habitat. Puis les chasséens sont revenus ou ont continué à habiter sur le même site pendant un laps de temps assez long (0m80 à 1m, auxquels il convient d’ajouter la couche superficielle).
Les essais de datation par la méthode du radiocarbone ont prouvé que la couche la plus ancienne pouvait remonter à 3200 ans avant Jésus-Christ environ, alors que la couche supérieure était datée approximativement de – 3000 ans. En effet, deux dates très proches, compte tenu de la marge statistique, ont été obtenues pour cette dernière :
3150 BC +- 140 (Gif 2632 ; niveaux IV-V) et 2920 BC +- 110 (Gif. 3713 niveau IX). Les niveaux inférieurs ont également donné des dates très voisines.
Par conséquent les chasséens ont pu rester sur ce site environ 200 ans.
La forme grossièrement trapézoïdale vue de profil, périforme vue de face, cette statue représente la tête, les bras et le torse d’une femme. La tête courte et très large, écrasée sur les épaules comprend les traits principaux du visage, les yeux sont représentés par des sortes de grosses pastilles sculptées en relief. La bouche de moindre dimension, faite selon la même technique, présente une petite concavité qui semble volontaire et qui pourrait constituer la cavité buccale, le nez la surmonte directement, il est droit, étroit et long et se prolonge sur le front et jusque vers les deux tiers du crâne par une espèce de crête bien détachée (forme particulière de coiffure).
Le cou n’est qu’un large sillon nettement marqué, mais peu profond qui fait le tour entier de la tête et duquel partent les bras, également en relief. Les épaules ne sont pas figurées. De chaque côté du corps les bras font, avec l’avant-bras, un angle presque droit. Les mains, assez mal représentées, possèdent chacune trois doigts bien détachés posés sur le ventre proéminent. L’extrémité du doigt supérieur de la main droite et celle du doigt médian de la main gauche ont disparu : peut être lors de la confection de la sculpture. Les seins sont identiques par l’arrondi parfaitement poli, compris entre le cou l’angle du bras et de l’avant-bras et un triangle en creux situé sous la bouche. Les grosses pastilles en relief qui surmontent les mains de même que les yeux et la bouche représentent les mamelons qui sont donc tout à fait disproportionnés. Nous pourrions aussi interpréter ces pastilles comme représentant, non seulement les mamelons, mais les seins eux-mêmes ; cependant, si c’était le cas, le triangle en creux n’aurait plus de justification.
Bien que la base de la statue soit assez inégale et qu’un fragment paraisse manquer du côté droit, rien n’indique qu’elle ne soit pas complète et que le bras du corps ait disparu. Ses dimensions hors tout sont : 27 cm de haut, 17 cm de face et 25 cm de profil.
Aucune statue de ce type n’a jamais été découverte dans le chasséen ou dans toute autre civilisation, à une exception près : Lepenskivir sur ce site yougoslave au bord du Danube, près des portes de Fer. Plusieurs statues ont été mises à jour : elles appartiennent à une civilisation de chasseurs pêcheurs collecteurs apparemment sédentaires mais ayant une économie encore mésolithique. La phase récente de Lépenskivir (Le VII) a été datée de 4680 à 4610 avant JC soit au moins un millénaire et demi avant Capdenac.
Cet écart chronologique et d’autant plus étonnant que la statue de Capdenac se rapproche beaucoup de deux des statues yougoslaves par le matériau et la technique, par l’allure générale et surtout pas de deux caractères non réalistes : trois doigts à chaque main, chevelure en forme e crête détachée au sommet du crâne.
Y-a t’il eu une influence à partir de Lépenskivir ? La divergence des dates et des civilisations, la distance et le manque de jalons chronologiques empêchent d’adopter sans réserve cette hypothèse. Mais si ce n’est pas le cas, les convergences citées seraient encore moins explicables.
La question est donc bien loin d’être réglée, et sans doute faudra-t-il attendre, pour qu’elle le soit, des découvertes futures. En tout état de cause, le musée de Cahors peut légitimement s’enorgueillir de présenter à ses visiteurs une œuvre aussi mystérieuse qu’extraordinaire ».
Autres pièces de l’inventaire …
Un trésor de 3000 pièces
En 1866 ou 1867, le maire de la commune de Capdenac entreprit de creuser une cave dans son jardin situé en plein bourg : il mit au jour une cache avec un grand pot en terre contenant quelques 3000 pièces en argent, pesant environ 10kg. Un lot de 535 monnaies de ce trésor fut acquis par un numismate parisien, puis passa entre diverses mains. Le reste de la collection aurait été fondu pour être transformé en orfèvrerie.
Il ne reste aujourd’hui que cinq pièces reconnues venant de Capdenac. C’est un trésor gaulois de monnaies dites « à la croix ». Parmi ces 535 pièces, ont été reconnues 83 tectosages et 898 tolosates. Elles datent très certainement du Ier siècle avant JC.
J. VENTACH pensait avoir retrouvé le lieu exact de la découverte : au cœur du village, dans la parcelle 275 appartenant à M. DOURNES en 1969.
J. VENTACH précise que deux des cinq monnaies conservéées à la B.N., offrent un intérêt particulier. Comparés à ceux de Cuzance, on trouve réunis sur les mêmes flancs le type de Capdenac et celui de Cuzance. Or Cuzance est un repère précieux puisque ce trésor renfermait une pièce au nom de LUCTERIUS.
Pour d’autres chercheurs ce trésor serait antérieur à la guerre des Gaules.
Le probable bétyle de Capdenac
Bétyle, est un mot qui nous vient de l’hébreu Bêt-El, ce qui signifie maison de dieu. C’est une pierre polie afin d’y donner la forme d’une stèle. Le probable Bétyle de Capdenac est bien de ce type, c’est un bloc de granit poli en forme d’upsilon. Jean-Julien Verdier [1] nous signale qu’il fut retrouvé au pied d’une grotte, à proximité de la source qui alimentait autrefois la fontaine gauloise.
Ses dimensions sont les suivantes : largeur : 0,18 m, hauteur : 0,26 m.
Ces pierres étaient considérées comme sacrées, la signification de leur nom même (maison de dieu) leur prêtait d’être habitée par un dieu.
Certains y voient tout simplement une pierre à moudre.
Un bracelet en bronze
Le bracelet en question fut découvert dans la propriété de M. CHALIER au cours de travaux de restauration d’une habitation se situant à l’intérieur du bourg, proche de la tour Modon. La découverte a été faite à 1,50m de profondeur sous le niveau actuel du seuil de la porte de la maison, quasiment sur le rocher. « Il s’agit d’un bracelet ouvert, en bronze, et d’un poids d’environ 150g. Ses dimensions sont de 75mm sur 60mm et 10mm d’épaisseur. La section de sa tige massive est plano convexe. Cette barre de bronze possède deux extrémités en faux tampons obtenus par martelage. Ces bourrelets sont peu prononcés. La pièce est décorée d’incisions disposées en 4 chevrons couvrant alternés et séparés chacun par une incision isolée. » Il ressort que ce type de bracelet en bronze est assez commun dans le sud de la France de la fin de l’Age du bronze moyen au début de l’Age du bronze final. La datation proposée est de 15OO à 700 ans av. JC.
En 1910, un glaive romain fut retrouvé dans une faille de l’escarpement surplombant la fontaine de César. Cette arme à deux tranchants est du type « gladius Hispanien », elle fut longtemps protégée des hommes et des intempéries, et fut donc retrouvée dans un assez bon état de conservation. Monsieur Ventach relevait que la taille de sa lame, 48,5 cm s’occordait bien avec les précisions fournies par les meilleurs dictionnaires d’Antiquité indiquant qu’au temps de César, les glaives n’avaient pas plus de 50 cm de longueur pour les lames.Deux autres ont été acheté à un brocanteur affirmant les détenir de son père qui les avait trouvé à Capdenac le Haut.
Quelques éléments du mobilier du Bronze final III : alènes, flèche, anneaux en métal, fusaïole décorée, petit godet, manche décoré en céramique, anneau décoré en céramique, fragments de bracelets de schiste.
Quelques éléments du mobilier osseux chasséen : épingle entière et fragment, pendeloque en os, dents percées, pendeloque arciforme à double perforation.
Une fibule en bronze d’époque gallo-romaine fut découverte au Saint-Andrieu.
Non Représenté Dans le bourg et ses environs, deux autres fibules en bronze associées à des fragments de tégulae, d’imbrices et d’amphores vinaires italiques sont signalées (FILIPPINI, 2010, p.148).
lanière de tablier de légionnaire
Objet en bronze (0,046m de longueur sur 0,010m de largeur), trouvé à l’automne 1972.
Authentifié par M. RESTES, comme étant un fragment de lamelles de tablier métallique protecteur du bas-ventre (cuirasse de légionnaire).
1 Boucle de baudrier gaulois
Une belle boucle de baudrier attribuée à la Tène III découverte sur les pentes de l’oppidum, versant Nord dans le fond d’un ancien sondage d’une supposée tranchée de dérivation des eaux de la fontaine gauloise. Ce sondage effectué par la commission d’études et de recherches sur Capdenac Uxellodunum avait laissé échappé cet élément de la plus haute importance.
. Ces anneaux ont été utilisés par l’ensemble des tribus gauloises.
Cet artefact a fait l’objet d’une déclaration et publication le Bulletin de la Société des Études du Lot.
Un grand nombre de pierres ayant servies de projectiles
Projectiles retrouvés en 1961 lors du sondage d’une supposée tranchée romaine, parcelle 399 A.
Au total, pour 1,5 mètre pris sur les 220 m de la tranchée entière, on a pu évaluer à 75kg le poids des projectiles moyens (dont 25kg de galets de rivière) à 10 kg le poids des tegulae et à 3 kg celui des poteries
NR 1 balle de fronde avec estampe
Lors d’un des sondages effectués durant l’hiver 1976-1977, une balle de fronde en terre cuite frappée du timbre VI avant cuisson fut découverte. Cette trouvaille est fort intéressante, car les légions romaines frappaient parfois leurs projectiles du numéro de légion à laquelle ils appartenaient, hors la VIe légion était présente lors du siège d’Uxellodunum.
Amphores
Lors de l’aménagement de la cave de Serge MARTY en musée pour l’association, les bénévoles travaillant à déblayer le sol sont tombés sur une couche truffée de débris d’amphores vinaires italiques.
Ces fragments en quantités abondantes, se trouvés sur une fine couche juste avant de trouver la roche, et avaient certainement servie de remblais afin de combler les inégalités de du rocher.
Ce sont 15 pilons d’amphores qui ont pu être recensés, un fragment de anse portant une estampille « LIC » a été relevé.
Pièces d’armements, perles antiques
Une fibule du type Aucissia Ier – IIe siècle Après J.C.
La parcelle au lieu dit Malirat, faisant l’objet de terrassements en vue d’y construire une maison, a fait l’objet d’une surveillance par les membres de l’association APUC.
Ce modèle de fibule est référencé dans l’ouvrage de Michel Feugère, “Les fibules en Gaule Méridionale de la conquête à la fin du Ve siècle ap. J.-C“.
Il inscrit cette typologie dans les types dérivés d’Au- cissia, classification : référence 23cl.
(Types dérivés d’Aucissa). Fibules à charnière de type f, caractérisées par un arc souvent bipartite ou tripartite, de forme complexe : porte-ardillon triangulaire et percé d’1, 2 ou 3 trous ; ardillon à butée, coudé vers la tête pour permettre le passage de davantage de tissu dans l’espace laissé libre sous l’arc.