Les Hommes

Les frères CHAMPOLLION

Gravure des frères Champollion

Les frères Champollion

En 1816, lors de leur retour forcé à Figeac, Jacques-Joseph Champollion, éminent historien et archéologue, ainsi que son frère Jean-François Champollion (Déchiffreur des hiéroglyphes égyptiens), entreprennent des recherches sur la ville gauloise d’Uxellodunum. Après avoir effectué des recherches sur les sites prétendants de l’époque, et pris connaissance des études des érudits ayant défendu ces sites, ils en arrivent à la conclusion suivante : « On apprend donc, par leurs recherches et par leurs récits, réciproquement contradictoires, que la ville d’Uxellodunum ne fut ni Cahors, ni Luzech, ni Puy d’Issolud. C’est comme s’ils avaient entrepris de prouver qu’elle fut à Capdenac ». Pour eux, le seul site du pays des Cadurques correspondant à l’unique texte relatant le siège d’Uxellodunum ne peut être que Capdenac. Mais il manque la fontaine gauloise asséchée par les Romains, qui servirait preuve irréfutable. C’est alors qu’ils entreprennent de la retrouver, et la découvrent grâce à la description de son emplacement faite par Hirtius. Pour ces deux éminents scientifiques, la preuve indiscutable que Capdenac est bien l’antique Uxellodunum est faite. Jacques-Joseph Champollion publie alors le résultat des recherches effectuées sur les sites prétendants de l’époque, dans un ouvrage s’intitulant « Nouvelles recherches sur la ville gauloise d’Uxellodunum ».

La Commission Laquiante / Montaud / Delpon / Cépières

Cette commission reprend les travaux des frères Champollion, qui en étaient arrivés à la conclusion suivante : « L’opinion qui place Uxellodunum à Capdenac, nous paraît la plus probable. Tel est l’exposé de nos recherches. Si les fouilles que nous avons exécutées, n’ont pas amené de résultats décisifs, elles sont loin, du moins, d’avoir ébranlé l’opinion déjà ancienne qui retrouve à Capdenac l’antique Uxellodunum. »

Laquiante / Morin

Trouvant les rapports précédents insuffisants, ils rédigent en 1865, un mémoire très complet, et tout à fait objectif. Ils relèvent dans le texte d’Hirtius 8 conditions qui doivent impérativement correspondre au site d’Uxellodunum :

  1. « Uxellodunum, doit pouvoir, en temps de guerre, abriter une troupe de 6 à 8000 hommes, et pouvoir cependant être défendu par 2000 hommes, contre des forces de beaucoup supérieures.
  2. Avoir à portée convenable, 3 points élevés, pour les 3 camps de Caninius.
  3. Avoir à une distance d’environ 14 Km, sur les bords d’une rivière, du côté de l’oppidum et à l’intérieur du Quercy, un lieu convenable pour y placer les camps des deux chefs gaulois Lucterios et Drapès.
  4. Être placé sur des rochers escarpés, placés eux-mêmes sur une montagne qui ait à son pied une seule vallée qui l’entoure presque entièrement.
  5. Le tout doit être dans une espèce de presqu’île, formée par une seule rivière qui ne puisse pas se détourner. Cette presqu’île doit être jointe à la terre ferme, par une montagne formant un isthme d’environ 100 mètres de largeur en son sommet.
  6. On doit trouver des traces de fortifications de diverses époques.
  7. On doit, très probablement, y reconnaître tout au moins la possibilité de l’existence de la fontaine gauloise, et du travail fait pour l’assécher.
  8. Enfin, il doit encore répondre, sans doute, à quelques conditions, dont la plus sérieuse est celle de pouvoir y établir ou à peu près les détails du siège. »

La conclusion de la commission Laquiante Morin est alors la suivante : « Capdenac, qui répond parfaitement aux 7 premières conditions, paraît également répondre à l’ensemble de celles qui forment le huitième indice du lieu qui fut Uxellodunum. Or Capdenac est seul à y répondre. Donc Capdenac est Uxellodunum à nos yeux. »

Louis Corn

Couverture du livre "Figeac à petits pas" de Louis Corn

Figeac à petits pas – Louis Corn

Auteur d’un ouvrage encore célèbre sur la ville de Figeac (« Figeac à petits pas – Les lieux et les monuments », Louis Corn 1943), il reconnait en Capdenac l’ancienne place ayant résisté à César.

Il rédige de nombreux articles et fait même des conférences de plein air, qui regroupent un grand nombre de personnes (La Dépêche du midi – 30 mars 1951). Le ton à cette époque est très offensif entre les différents sites prétendants, et Louis Corn n’échappe pas à la mode de cette période.

Il est également l’auteur de plusieurs autres publications importantes en faveur de Capdenac :
— « À la recherche d’Uxellodunum ». Bull. de la Société des Études du Lot, t. LXX, fasc. 1 et 2, 1949, pp. 11-16 et 34-42., t. X. Égal. Biblio. de la Société des Études du Lot, B.-Qy, Q., 197.
— « Précisions sur la question d’Uxellodunum ». Bull. de la Société des Études du Lot, t. LXXII, 1951 pp. 23-26.
— « Identification sur la position d’Uxellodunum. Congrès d’Études Régionales tenu à Cahors les 20-21-22 Mai 1950 » par la Fédération Historique du Sud-Ouest et la Fédération des Sociétés académiques et savantes de Languedoc – Pyrénées – Gascogne. Bordeaux Toulouse, novembre 1950.
— « Le problème d’Uxellodunum n’est pas insoluble ». Brochure, 1951.
— « Autour d’un procès Capdenac ». Biblio. de la Société des Études du Lot, Qy, 1CM, 361.
— « Considération sur Uxellodunum ». Biblio. de la Société des Études du Lot, Qy, 2CM, 141.
— « Pour en finir avec Uxellodunum ». Biblio. de la Société des Études du Lot.

Voir aussi : « Documents de Louis Corn »

En clair, Louis Corn fut un membre éminent de la Société des Etudes du Lot entre 1950 et 1960 et il occupa le poste de président de la commission Capdenac-Uxellodunum, juste avant M. SORS.

Commission Sors / Ventach / Marty

André Sors

André Sors

André Sors

Cette commission qui effectue des recherches sur le site de 1956 à 1975, fouille notamment les tranchées romaines qui avaient asséché la fontaine gauloise, ainsi que les restes de la terrasse qui supportait la tour romaine. Des morceaux de bois calcinés retrouvés sur cette terrasse sont soumis à la datation par carbone 14. Les résultats confirment que ces vestiges datent bien du milieu du premier siècle avant J.C. C’est grâce à cette commission qu’une partie d’un mur d’assise de la terrasse romaine est sauvé (encore visible sous la RD 840). Suite aux recherches de cette commission, André Sors rédige un livre, qui reste l’un des plus complets : « L’épopée gauloise en Quercy ». L’auteur conclut son ouvrage ainsi : « Nous pensons avoir pleinement confirmé les conclusions de nos prédécesseurs en faveur de Capdenac Uxellodunum. Il serait présomptueux de notre part de vouloir officialiser ce titre comme le fit Napoléon III pour Puy d’Issolud. Si cette officialisation se fait un jour prochain, ce sera évidemment, avec le concours des autorités savantes de notre pays et peut-être d’ailleurs. Avoir apporté une pierre valable à cette entreprise, constitue déjà une récompense à nos efforts et notre bonne volonté. »
Voir aussi : « Rapport d’André SORS de 1965 sur les découvertes de la commission de recherches de 1956 »

Jean Ventach

Jean Ventach

Jean Ventach

Ces deux compères se complétent à merveille. Roger Marty est à cette époque, un véritable homme de terrain, n’ayant pas peur de manier la pelle et la pioche après ses heures de travail. Jean Ventach lui, est un homme de lettres qui a passé beaucoup de son temps dans les bibliothèques du pays. On leur doit notamment la redécouverte de la fabuleuse fontaine romaine de Capdenac, ainsi que d’innombrables trouvailles, documents ou objets.
L’APUC vient de retranscrire sur support informatique certains manuscrits de Jean Ventach, avec plans et croquis, et de les regrouper dans un seul document.
On peut y retrouver de nombreuses informations essentielles, oubliées ou inconnues : voir « Manuscrits de Jean Ventach ».

 

 

Roger Marty

Roger Marty

Roger Marty

Après la disparition de son grand ami Jean Ventach, Roger Marty se retrouve seul, quoique bien entouré par son fils Serge et son petit-fils Mathieu. Mais le noyau familial ne suffit pas à empêcher l’officialisation du Puy d’Issolud. En effet, c’est au moment où la contestation est la plus faible et la plus désordonnée que les représentants de l’état « officialisent » le Puy d’Issolud comme ayant été le lieu de la mythique résistance celtique. Celui-ci ne présente pourtant aucune caractéristique mentionnée dans le texte latin. Les représentants de l’état ont préféré s’appuyer sur les recherches de Napoléon III, que sur celles effectuées par les savants frères Champollion. Roger Marty et toute sa petite famille se battent alors contre cette curieuse « officialisation » d’avril 2001. La presse se fait largement l’écho de ce pseudo-évènement. Celui-ci amène à la création de l’Association Pour Uxellodunum à Capdenac, dont il devient le président. Roger Marty (83 ans en 2007), est le dernier représentant de la commission Sors / Ventach de 1959. Il participe aux fouilles lors des divers travaux de terrassement et connaît parfaitement depuis des décennies l’oppidum de Capdenac. Inventeur entre autres de la fontaine romaine dite « des Anglais », (bien que datée du milieu du 1er siècle avant notre ère …) son témoignage est unique et précieux. Des débats nombreux et passionnés pimentent les rencontres avec ses collègues et amis attachés au site de Capdenac, J. Ventach et A. Noché, tous deux éminents latinistes, autant qu’avec André Sors. Jean Ventach, lui, est un fervent défenseur de la localisation d’Uxellodunum à Capdenac, et A. Noché la considére comme parfaitement envisageable.

Notre président, Roger Marty, nous a quittés le 10 Février 2007.

Jean-Pierre Souyri

Jean-Pierre Souyri

Jean-Pierre Souyri

Depuis l’assemblée générale du 30 Mars 2007, sa succession à la tête de l’APUC est assurée par Jean-Pierre Souyri, qui avait été, avec Roger Marty, un des fondateurs de l’association, en 2001.
Notre nouveau président s’engage alors à continuer, avec l’ensemble des membres, l’œuvre entreprise depuis les frères Champollion jusqu’à Messieurs Sors, Ventach et Marty …
Plus tard, contraint par la maladie, Jean-Pierre Souyri laisse son poste de président pour accepter celui de président d’honneur de l’association lors de l’assemblée générale du 21 mars 2014.
Jean-Pierre Souyri est décédé le 27 février 2015. Il aura laissé le souvenir d’un président sympathique et efficace qui a mené à la tête de l’APUC de nombreux projets (la maquette du site, l’ouvrage de JJ. Champollion, la mise en valeur de la porte Sud, les multiples contacts avec la DRAC, le DVD « Uxellodunum Dernier bastion Celtes », les conférences diverses, notamment de la latiniste Colette Doco-Rochegude, la présence de l’APUC lors des fouilles préventives sur la commune, la modernisation de la salle d’exposition, l’entretien des vestiges, …).

Mathieu Marty

Mathieu Marty, actuel président le l’APUC, a été élu lors de l’assemblée générale du 21 mars 2014. Il a 33 ans. Il est le petit-fils de l’ancien président Roger et le fils de l’actuel vice-président Serge. Sa jeunesse, son dynamisme, son expérience en matière d’archéologie et ses connaissances dans l’histoire de Capdenac ont tout naturellement conduit les adhérents de l’association à le choisir comme nouveau président.

Mathieu Marty

Mathieu Marty

 

Gilbert Foucaud

Roger Marty et Gilbert Foucaud

Roger Marty et Gilbert Foucaud

Gilbert Foucaud, disparu en mars 2009 dans sa 90ème année, a toujours apprécié Capdenac-le-Haut ; c’est d’ailleurs là qu’il a donné sa dernière conférence publique, le 17 novembre 2007. Professeur d’histoire et de géographie à Figeac de 1953 à sa retraite en 1979, membre de La société des Études du Lot, il a publié de nombreux articles et ouvrages, fruits de ses recherches sur l’histoire de Figeac comme de sa région.

Conférence publique de Gilbert Foucaud, le 17/11/2007 à Capdenac le Haut :

 

Le coeur du problème

En 51 avant notre ère, après la capitulation de Vercingétorix à Alésia, toute la Gaule se retrouve soumise à Rome à l’exception d’une ville fortifiée située aux confins du Quercy. Là, plus de trente mille des meilleurs soldats de tous les temps, avec à leur tête Caninius et Jules César lui-même, assiègent cette place défendue par 2000 irréductibles Gaulois retranchés dans ses murs et privés de leurs chefs. Ces derniers, le Sénon Drappès et le Cadurque Luctérios, sont partis chercher des vivres avec leurs soldats. Ils n’en reviendront pas. A quelques kilomètres de l’oppidum, Drapès est fait prisonnier et se laisse mourir de faim. Luctérios parvient à s’enfuir vers l’Auvergne mais il est livré à César. De leurs hommes, les Romains ne laissent aucun survivant. Dans l’oppidum, après le brusque tarissement de leur fontaine, les assiégés se croient abandonnés de leurs dieux et se rendent. Afin de donner l’exemple, César fait couper les mains de ceux qui avaient porté les armes…

Le siège d’Uxellodunum, s’il met définitivement fin à la conquête de la Gaule, est fort peu glorieux pour les envahisseurs. En effet, il faut tout de même le plus grand chef militaire de tous les temps à la tête de trente mille guerriers issus d’une des plus puissantes armées jamais connues, pour venir à bout de deux mille malheureux Gaulois et de leur place forte.

Dans les années 1860, Napoléon III s’identifie à César. Après avoir reconnu le site de Luzech comme l’authentique Uxellodunum, il revient sur sa décision et officialise Puy d’Issolud. En effet, pour Napoléon III, il vaut mieux ne pas tenir compte des résultats du « document Morin » (travaux de recherches archéologiques sur Uxellodunum qu’il avait lui-même diligentés et qui désignaient Capdenac), et faire croire au peuple que le Grand César est venu à bout d’une puissante place forte de 80 hectares, plutôt que d’un petit oppidum comme celui de Capdenac … !

De nombreux auteurs se sont employés à situer Uxellodunum en divers endroits, chacun argumentant selon ses découvertes, ses convictions, et bien entendu, ses moyens, (lesquels étant loin d’être équitables). Contre toute attente, le site qui est reconnu « officiellement » Uxellodunum par deux fois, (Napoléon III en 1865 et des représentants du Ministère de la Culture en 2001), est celui qui correspond le moins, (pour ne pas dire « en rien »), à la description d’Hirtius. Bien que ne citant pas le nom de la rivière, celui-ci nous donne pourtant des détails très précis sur la topographie des lieux :

« Uxellodunum est une ville, (répété plusieurs fois dans le texte), presque entourée par une seule vallée dans laquelle une seule rivière (flumen), coule à la racine même du mont supportant l’oppidum escarpé de toutes parts. Les camps Romains situés à portée de vue et de voix, permettent de surveiller les travaux et de voir dans la place Gauloise. Cette rivière est indétournable. César poste des archers, des frondeurs et des machines de guerre sur l’autre rive, pour interdire aux Gaulois de venir y puiser de l’eau par les pentes abruptes. Une fontaine abondante jaillit au pied même du mur de la ville du côté que laisse libre sur une largeur de 300 pieds, (100m), le circuit de la rivière. César fait construire un terrassement, (agger), de 60 pieds, (18 m), sur laquelle on bâtit une tour de 10 étages, (+/- 26m), face à la fontaine. Les Gaulois font rouler des tonneaux de suif et de poix enflammés vers les ouvrages Romains et engagent en même temps un vif combat. Les Gaulois descendent la pente au pas de course et combattent de loin, sans risque. A l’insu des Gaulois, César fait creuser des galeries vers les veines alimentant la fontaine, afin de la tarir. Se croyant abandonnés de leurs Dieux, les Gaulois se rendent après le soudain tarissement de leur source ».

Tous ces points incontournables sont vérifiables à Capdenac !

Gravure représentant Capdenac - Uxellodunum comme on se l’imaginait au XVIème siècle

Magnifique gravure représentant Capdenac – Uxellodunum comme on se l’imaginait au XVIème siècle (vue de la pointe Sud).
A noter les détails de la scène : la porte Sud, la voie romaine, les tonneaux enflammés dirigés vers l’agger et la tour romaine, …
Cette gravure figurait dans l’édition de « La guerre des Gaules » de Bâle en 1521.

 

L’invraisemblance

Au mois d’Avril 2001, la Direction Régionale des Affaires Culturelles, en présence de quelques responsables du ministère de la culture, réaffirme avec solennité devant la presse régionale et quelques médias spécialisés invités pour l’occasion : « … des fouilles réalisées depuis 1996 par une équipe d’archéologues ont permis d’établir avec certitude que le site du Puy d’Issolud, dans le Lot, était bien le lieu de la bataille qui a mis un point final à la conquête de la Gaule par les légions romaines … » (AFP – 25/4/2001).

Le site concerné est celui de la fontaine de Loulié, au Puy d’Issolud (communes de Vayrac et Martel). Ce lieu, particulièrement controversé encore de nos jours, avait déjà été déterminé arbitrairement par Napoléon III, en dépit des études réalisées par de nombreux chercheurs, dont les frères Champollion.

Carte du Puy d'Issolud de 1886

Le Puy d’issolud (1866)

 

Les invraisemblances de la localisation « officielle »

Puy d’Issolud n’a jamais été une « ville » : aucun vestige d’habitation n’a été découvert sur ce plateau, pas plus que les traces de la moindre citerne, bien que ses 80 hectares ne possèdent pas de point d’eau.

Il n’est pas entouré par « une seule vallée » , où coule « une seule rivière à la racine du mont » : la Tourmente est un ruisseau situé à plus de 200 m. La Sourdoire, plus petite, coule au plus près à 350 m. Toutes deux auraient été faciles à détourner par les soldats Romains, rompus à de bien plus importants travaux. A quoi bon détourner des cours d’eau guéables à souhait ? Quant à la Dordogne, elle est à plus d’un kilomètre et ne gênait nullement l’approche de l’oppidum. Il ne servait à rien à César de placer des archers et des frondeurs sur les rives opposées des plus proches cours d’eau, il lui suffisait de les franchir et d’en interdire l’accès aux assiégés.

Aucune fontaine « abondante » ne « jaillit » au « pied du mur de la ville » : il y n’existe qu’un point d’eau, présumé être la source gauloise et servant de base aux travaux, dont la situation interdit que l’on s’y rende autrement qu’en file indienne. Incapable de subvenir aux besoins des assiégés, celle-ci est inaccessible aux chevaux et au bétail. Elle n’est pas située « du côté que laisse libre le circuit de la rivière », la rivière ne faisant aucune boucle autour du site, ni près de cet « espace de 300 pieds », lequel, par la force des choses, n’y existe pas. La « fontaine » présente à Loulié en contrebas du point d’eau, n’a jamais été tarie.

Les constructions des ouvrages romains, (agger, tour), doivent être bâties au moins à 100 m des remparts de la ville pour être hors de portée des projectiles des assiégés. De l’agger de 18 mètres, il ne subsiste aucun vestige. Son emplacement est supposé et souvent remis en question. De plus, entrepris à moins de 20 mètres de la fontaine gauloise, pour « dominer le faîte de la fontaine », ces travaux eussent été particulièrement risqués. Quel intérêt de construire sur l’agger une tour de 10 étages surplombant un point d’eau pratiquement à ses pieds ? La masse de l’agger et ses quelques 80 000 mètres cube de matériaux (selon croquis « officiels ») n’ont laissé aucune trace, ni d’extraction, ni de déblai.

Croquis de la fontaine de Loulié au Puy d'Issolud, par la commission E. Castagné de 1866

Le Puy d’Issolud – La fontaine de Loulié (Croquis de la commission E. Castagné – 1866)

Selon la configuration « officielle » du site du Puy d’Issolud (croquis ci-dessus), en totale contradiction avec le texte :

  • l’agger est « supposé » en surplomb et … à moins de 20 mètres de la fontaine. Construction irréaliste !
  • selon ce schéma et la disposition réelle du site, les « tonneaux enflammés » lancés par les Gaulois auraient roulé non pas sur les « ouvrages romains », mais se seraient brisés sur la fontaine gauloise, … Inimaginable !
  • comment des soldats auraient-ils pu « descendre au pas de course » sur cette pente à plus de 80% … ? Impossible ! … etc…

Cet oppidum de 80 hectares ne peut être défendu par 2 000 Gaulois face à 30 000 Romains, lesquels auraient eu des possibilités d’assaut pour investir la place, sans en faire le siège, (comme le montre l’actuelle topographie des lieux et comme l’ont affirmé les experts de l’Ecole de Guerre, en 1997).

Aux alentours, les camps romains supposés sont situés plus bas que l’oppidum. Les Romains ne pouvaient donc « voir dans la place ».

« Les Romains entreprennent de creuser des galeries vers la fontaine Gauloise, afin de l’assécher ». Était-il besoin de se lancer dans de tels travaux alors qu’il leur suffisait d’empêcher les Gaulois de se rendre à leur fontaine ? Les galeries dégagées à Puy d’Issolud sont trop élaborées pour de simples canaux de détournement d’eau. La galerie dite de Cessac fait en moyenne 2 m de hauteur pour 1,50 m de largeur. Celle de Bruzy, mesure 1 mètre de largeur mais seulement 7 m de longueur. Ces ouvrages, outre qu’ils n’aboutissent pas à la fontaine, sont curieusement situés, l’un (Bruzy), sous l’agger présumé, l’autre (Cessac), s’éloignant de l’orientation de la fontaine pour opérer un brusque virage dans sa direction. Ces galeries n’ont jamais servi à détourner l’eau de la fontaine, laquelle n’a pu être tarie faute simplement de n’avoir jamais réellement coulé (sauf en période de fortes précipitations).

Il existe à environ 200 m au Sud Ouest de la première, une deuxième fontaine topographiquement semblable, dite de Lafon. Était-elle dispensée d’agger, de tour et de galeries d’assèchement ? Pour corser le tout, au même niveau géologique une 3ème fontaine analogue dite de la Tournerie, est présente au Sud, …

Aux dernières nouvelles, ni l’agger, ni la tour ne se situeraient aux endroits précisés lors de « l’officialisation » du site, et la fontaine de Loulié ne serait pas la fontaine Gauloise …

« César, en simulant un assaut général, fait cesser le combat et les Gaulois se rangent dans leurs murailles ». Si cet épisode s’était déroulé à Puy d’Issolud, les assiégés se seraient retrouvés à 100 mètres de leur fontaine et du fait que l’artillerie de la tour les empêche de s’y rendre, il n’était plus nécessaire de la tarir. Si « Les Gaulois ne se rendent qu’après le tarissement de leur source », cela implique qu’elle devait être également accessible de l’intérieur de la ville. C’est tout à fait impossible ici.

On peut s’interroger sur le nombre impressionnant de vestiges d’armement, (plus de 1 000 pointes d’armes diverses, dont des armes de chasse à bouts ronds, outils, rejets de coulées, enclume, etc.), trouvés aux environs de la fontaine de Loulié. Les lieux des combats décrits par Hirtius, sont grossièrement circonscrits entre la fontaine et l’agger. A Puy d’Issolud, et loin de renforcer la thèse, une telle quantité de vestiges concentrée sur un si petit espace, n’indique pas nécessairement une bataille et pose bien plus de questions qu’elle ne fournit de réponses (d’autant qu’il faut ajouter à ces vestiges d’armement, tous ceux découverts depuis Napoléon, portant ainsi leur nombre estimé à plusieurs milliers supplémentaires…) Ce mystère à lui seul mériterait une étude dépassant la simple querelle Uxellodunum.

Tout ceci est en totale contradiction avec le récit d’Hirtius et l’on comprend mal un tel acharnement à vouloir à tout prix localiser Uxellodunum en cet endroit où rien ne concorde.

Si quelques auteurs pensent retrouver Uxellodunum à Puy d’Issolud, un, primordial, est oublié : Hirtius… Et, n’oublions pas que les rapports de quelques « spécialistes » ne parviendront jamais à gommer un fait essentiel : le site de Puy d’Issolud ne correspond aucunement à ses écrits dans le livre VIII de la guerre des Gaules.

 

L’évidence

Capdenac Uxellodunum

Carte d’Uxellodunum d’après Champollion

Carte d’Uxellodunum d’après Champollion

Capdenac a toujours été « une ville », habitée depuis le paléolithique. Les vestiges d’une occupation ininterrompue sont présents et bien visibles sur le site, lequel comptait plusieurs abris sous roche. Des vestiges de murailles Gallo-Romaines sont visibles en divers points du site.

Cet oppidum est entouré par « une seule vallée », où « une seule rivière indétournable coule au pied même d’un promontoire ». Compte tenu de ses défenses naturelles, la place forte de Capdenac était défendable par peu de combattants et les 2 000 résistants présents dans la place suffisaient à en interdire la prise. Ils n’avaient guère qu’une centaine de mètres de mur/fossé à tenir, le reste de l’Oppidum étant « escarpé de toutes parts » ou « très difficile d’accès par des hommes en armes ». La ville fortifiée ne peut être facilement atteinte qu’au Nord, par un passage praticable de 100 m environ, (où se trouvent les vestiges mur/fossé), situé entre des abrupts. La fontaine est située à l’Ouest en contrebas de cet « étranglement » (interuallum).

A l’époque du siège, l’oppidum était plus étendu (comme l’indiquent, à l’Ouest, des vestiges de murs Gaulois sur la première terrasse), et surtout plus escarpé. La roche instable cède régulièrement et la ville fortifiée a perdu une bande atteignant plus de 10 m en plan et sur sa circonférence. Une amorce d’ogive médiévale s’ouvre dans le vide au Nord Est du village, témoin d’un impressionnant affaissement survenu voici plus de 600 ans, et portant sur environ 6 m en plan pour près de 80 m de longueur … Ces dégradations se poursuivent encore de nos jours.

La surface de l’oppidum à l’époque gauloise, était au plus de 9 hectares.

La « rivière » Lot est « importante » (10 m de profondeur pour 130 m de large de part et d’autre de l’interuallum) et baigne « une seule vallée ».

Une « abondante fontaine jaillit au pied du mur de la ville, près du seul espace de 300 pieds, (100 m), laissé libre du côté que n’entoure pas la rivière ». Cette « fontaine » Gauloise, remise au jour en 2003 par l’APUC, est bien située « au pied des murs de la ville ». Des vestiges de murailles ont été retrouvés début 2005 en lieu et place indiqués par le texte.

Paroi rocheuse au pied des murs de la ville

« … au pied des murs de la ville … »

 

Elle est, comme naguère, aisément accessible tant par les hommes que par les animaux. Un puits de 5 m de diamètre la rend aisément utilisable depuis l’intérieur des fortifications.

Dessin de puits fontaine gaulois par Roger Marty

Puits fontaine gaulois – Dessin de Roger Marty

 

Pour interdire aux assiégés de venir puiser l’eau à la rivière, « des archers, frondeurs et machines de guerre doivent être placés sur les rives opposées ». D’innombrables projectiles, (galets arrondis, taillés ou non et de toutes tailles), ont été retrouvés sur les lieux de fouilles, au pied des escarpements rocheux, aux bas des rares chemins antiques accédant au Lot, ainsi qu’en maints endroits de Capdenac. Plusieurs pointes de flèches et traits de fer y ont également été retrouvés.

Croquis de l'ensemble remparts, fontaine gauloise, agger et tour romaine par André Sors

Ensemble remparts, fontaine gauloise, agger et tour romaine (André Sors 1965)

 

Une « terrasse, (agger), est édifiée et supporte une tour de 10 étages » dont le sommet « domine le faîte de la fontaine », mais pas les murs de la ville « qu’elle ne saurait atteindre », (il eût manqué environ 18 m). Les vestiges de l’agger sont visibles sur le flanc Nord Ouest de l’oppidum de Capdenac, à 120 m de la fontaine Gauloise. En 1840, la route nationale 594 coupe l’agger en son milieu et en bouscule les déblais vers le bas. Un important mobilier, débris d’amphores, tuiles Romaines, (tegulae), projectiles de fronde, etc., a été découvert dans la partie non détruite. En 1957, il a été possible d’étudier le bâti de la terrasse-agger avant qu’il ne soit presque totalement démoli. Les restes d’une poutre antique encore debout en place ont également été dégagés et son analyse au C.14 a donné comme limite d’age la fin du 1er siècle avant notre ère.

Ensemble de photos des fouilles de l'agger

Photos A Sors – Fouilles de l’agger

 

Au sommet de l’épaulement ont été trouvés deux trous maçonnés d’environ 0,50 m de diamètre, qui semblent avoir été ceux destinés à l’ancrage des piliers de la tour. Une coupe pratiquée dans le flanc de ladite terrasse, a révélé une couche d’incendie de 60 cm d’épaisseur, contenant des déchets de toile grossière en partie calcinée, des fragments de poix et de bitume ou matières enduites de bitume.

À Capdenac, la pente de 20% entre la fontaine et l’agger permet à des « tonneaux de suif et de poix enflammés » de rouler sans encombre vers les ouvrages romains, et à des soldats de « descendre au pas de course et de combattre de loin sans prendre de risques ».

Croquis de l'agger par André Sors

Croquis d’André Sors (1965)

 

L’agger avait une base de 45 m sur 33 m pour une hauteur de 18 m. En 1973, à l’occasion des travaux sur le tracé de l’axe Brive Méditerranée il a été possible de découvrir et protéger l’un des murs de soutènement et d’épaulement de l’agger. Classée, la partie qui devait disparaître est protégée et visible actuellement sous la route.

Montage indiquant la position des ouvrages gaulois et romains sur une photo contemporaine en vue aérienne

Illustration des ouvrages gaulois et romains sur vue aérienne

 

« Les travaux et galeries sont menés vers les veines de la fontaine et la tarissent ». Les 5 travers bancs creusés par les commissions de 1956 et des années 1960/70, ont révélé deux tranchées dirigées vers le pied de la falaise. Ces tranchées, (couvertes à l’origine conformément aux techniques romaines, vineae), aboutissent à une galerie avançant vers la fontaine Gauloise. Compte tenu de la topographie des lieux, la réalisation de cette galerie était insoupçonnable pour les assiégés. Arrivée au niveau de l’actuelle fontaine Romaine, la galerie, (cuniculi), a percé les veines de la source principale, ceci a eu pour effet de tarir subitement la fontaine Gauloise. Cette galerie, est dégagée et accessible. Un glaive romain (type gladius hispaniensis), est découvert en 1910 dans une anfractuosité de la falaise au-dessus de la fontaine de César.

Principaux vestiges du siège représentés sur un plan cadastral de 1953 par Jean Ventach

Principaux vestiges du siège représentés sur ce plan cadastral de 1953 (Jean Ventach 1975)

 

Les éléments essentiels du siège d’Uxellodunum peuvent être situés avec précision sur cet ancien plan, mais aussi, de nos jours, sur le terrain : la terrasse agger, le puits-fontaine gaulois, la fontaine de César, les 2 tranchées romaines, …

Contrairement à Puy d’Issolud, où les lieux de fouille n’ont pratiquement jamais été cultivés, l’exposition privilégiée et la fertilité des terres ne facilitent nullement les recherches de mobilier sur le site de Capdenac et ses environs. En effet, plus de 20 siècles de travaux agricoles et autres labours ont mélangé les couches archéologiques et rendent difficile la datation des très rares objets rescapés. En contrebas des falaises, seul le déblai des importants éboulis permettrait l’accès à des fouilles méthodiques. Cette encombrante accumulation a cependant le mérite d’avoir protégé les couches antiques du pied de ces escarpements.

Notons que la préservation du mobilier archéologique d’une bataille est soumise à l’état du terrain le jour des faits. Un champ de bataille boueux et copieusement piétiné par les combattants, est plus apte à le conserver qu’un terrain sec. Or, les derniers combats à Uxellodunum se sont déroulés en Juillet / Août, c’est-à-dire en période non humide, voire de sècheresse, (fréquente dans le secteur). Ceci a eu pour effet de laisser en surface la grande majorité des objets perdus sur le site. Leur récupération en a été grandement facilitée après le siège, et en explique la rareté. Encore qu’il convient de noter que de nombreux vestiges d’armement antique y ont été récoltés, mais dispersés, et même envoyés au musée de Martel …

Capdenac est entouré de lieux en hauteur réputés avoir été des camps Romains : Celui de Laroque, dit « de César », est situé à 400 mètres face à la fontaine Gauloise, qu’il domine de 45 m. De là, il était aisé de surveiller les travaux des soldats Romains et les Gaulois même à l’intérieur de leurs murs. Celui de Malirat est situé à 450 m à L’Est du premier, et à 600 m du mur d’enceinte de l’oppidum Gaulois. Celui du Vern est à 400 m à l’Ouest de celui de Laroque. On en compte de nombreux autres à l’entour de Capdenac : Lavacalerie, Lescamps (Livihnac), Montredon, L’Hopital Esclauzels, La Capelette, Fumat, le Cingle, Trigodina, le Cayla, Ombrabols, le Verdier, etc. Le plus important est celui du Teil qui s’étend en situation dominante sur plus de 20 hectares, à 1200 m au Sud d’Uxellodunum.

Dessin des vestiges des camps romains autour de Capdenac par Jean Ventach

Vestiges des camps romains autour de Capdenac – Dessin de Jean Ventach (1977)

 

Concernant la « sortie aux vivres » (qui coûta la vie à Drapès et à ses hommes), puis la fuite et la capture de Luctérios, le circuit à l’ouest de Capdenac, est en parfaite cohérence avec le texte latin :

Croquis du circuit à l’ouest de Capdenac par Roger Marty

 

Les vestiges

Vestiges de murs antiques à l’emplacement du rempart gaulois, au dessus et à gauche du puits fontaine gaulois

Vestiges de murs antiques à l’emplacement du rempart gaulois, au dessus et à gauche du puits fontaine gaulois

 

La fontaine dite de César

La fontaine « de César »

 

Emplacement de la tranchée-aqueduc traversant le bassin à l'Intérieur de la fontaine dite de César

Intérieur de la fontaine « de César » : emplacement de la tranchée-aqueduc traversant le bassin.

 

Croquis de l’aqueduc par André Sors

Croquis de l’aqueduc (André Sors 1965)

 

Partie visible de l’aqueduc situé au nord de la fontaine de César nettoyée par l’APUC en 2008

Partie visible de l’aqueduc situé au nord de la fontaine de César (nettoyée par l’APUC en 2008)

 

Un des derniers murs gaulois en cours de destruction

Un des derniers murs gaulois en cours de destruction…

 

Corquis de la fontaine romaine par Roger Marty

Fontaine romaine – Croquis de Roger Marty

 

Le bassin ovale de la fontaine romaine

Le bassin ovale de la fontaine romaine.

 

Mur d’épaulement de l’agger romain conservé et protégé sous la route.

Vestiges de la terrasse agger
Mur d’épaulement de l’agger romain conservé et protégé sous la route.

 

La porte Nord

La porte Nord

 

Croquis de la Porte de César par Champollion

Porte de César, démolie vers 1860 (Croquis de Champollion – 1820)

 

La porte Sud et la maison des gardes

La porte Sud et la maison des gardes

 

Roger Marty examinant dent de sanglier, phalange humaine, silex, poteries protohistoriques et autres...

…dent de sanglier, phalange humaine, silex, poteries protohistoriques et autres…

 

Dégagement de la fontaine romaine en 1979

Dégagement de la fontaine romaine en 1979

 

Les écrits

Documents de Louis CORN

Premières constatations écrites de la présence de l’Agger de Capdenac :

Document de Louis Corn sur la découverte de l’agger

Manuscrits de Jean VENTACH

Jean Ventach

Pendant une partie de sa vie, Jean VENTACH a mené de nombreuses recherches sur Uxellodunum-Capdenac, notamment de 1975 à 1987. Dans le cadre d’un travail particulièrement méticuleux, il a laissé quantité de manuscrits relatant ses études et ses découvertes.
L’APUC vient de retranscrire ceux dont elle dispose sur support informatique, de numériser les plans et croquis, et de les regrouper dans un seul document. On peut y retrouver certaines informations essentielles, oubliées ou inconnues.
Ces pièces, fondamentales pour la recherche de la vérité en ce qui concerne l’histoire d’Uxellodunum, peuvent-être téléchargées au format PDF par le lien ci-dessous :

 

Manuscrits de Jean Ventach

Lettre de Jean Ventach – 1/9/1975

Rapport d’André SORS de 1965 sur les découvertes de la commission de recherches de 1956

André Sors, membre de la « commission d’études et de recherches sur Capdenac-Uxellodunum » de 1956 à 1975 avec Messieurs Ventach et Marty, est l’auteur d’un des ouvrages les plus complets et les plus connus sur le sujet : « L’épopée gauloise en Quercy » (1971).
Mais, déjà, en 1965, il publie une étude qui dévoile quelques unes des plus importantes découvertes de la commission : l’emplacement précis de l’agger, de la tour romaine, des tranchées destinées à assécher la fontaine gauloise et de l’aqueduc alimentant la fontaine de César …
Le résultat de ces travaux et leurs publications par André Sors représentent encore aujourd’hui une référence pour l’histoire d’Uxellodunum.
Le document qu’il a rédigé en 1965 (numérisé par l’APUC) peut être téléchargé au format PDF par le lien ci-dessous :

André Sors 1965

 

Les chartes

Cinq chartes royales témoignent de l’importance historique de Capdenac. La première, date de 1320, et fut rédigée par Philippe le Long. Ces chartes offraient des droits et privilèges aux habitants de Capdenac, qui avaient autrefois, fièrement résisté à l’envahisseur romain. Les autres chartes ne feront que confirmer celle de 1320.

La charte de 1320

« Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, faisons savoir à tous, tant présents qu’à venir, que nous avons vu des lettres dont la teneur est la suivante :

Jean, par la grâce de Dieu, roi des Français, savoir faisons à tous présents et à venir, que nous avons vu les lettre contenant certaines libertés et privilèges des consuls, habitants et manants du lieu et district de Capdenac, dont la teneur suit :

Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Français, faisons savoir à tous tant à présent qu’à venir, comme quoi, par un rapport digne de foi, et par la lecture qui nous a été faites de certains documents antiques, nous nous sommes assurés que la place de Capdenac, située à l’extrémité du Quercy, sur le causse d’une montagne haute, escarpée et entourée de tous côtés par le lot, rivière navigable, est un lieu de sa nature inexpugnable extérieurement et sur tout autre point, de même que Laudunum (Laon) ; qu’il a été considéré comme tel, et que c’est cause de cela qu’il a reçu le nom d’Ucce-Laudunum, et qu’il est le seul ; qu’il a été d’un grand secours, en méprisant les attaques et les légions de César et des romains lorsqu’ils ravageaient notre royaume ; et qu’il leur aurait résisté, si la privation d’eau, empêchant les habitants de résister, ne les eut contraints de se rendre d’eux-mêmes, au grand détriment de ceux qui avaient porté les armes, lesquels périrent, ou au moins eurent les mains coupées ; de telle sorte qu’après cet événement, le nom d’Ucce-Laudunum fut changé en celui de Capdenacum, pris de la figure du lieu, qui est celle d’une tête de barque.

Pour ne plus s’exposer à une pareille catastrophe, les habitants ont, avec beaucoup de peines, d’intelligence et de frais, construit dans l’intérieur de la ville, une nouvelle fontaine creusée dans le roc, qui leur fournit abondamment de l’eau. Ainsi comme à tout autre égard, la place est regardée comme imprenable. Le roi Pépin, notre prédécesseur, avait, dans le temps, donné la tour qui est dans Capdenac et qu’on appelle de Schriniol, à l’abbaye de Figeac, dont il est le fondateur, pour qu’elle y mît ses titres et ses riches ornements en sûreté et à l’abri des Francs. Lesdits habitants ont été si fidèles et si dévoués à nous, à nos prédécesseurs et à la couronne de France, qu’ils ne sont jamais soumis à aucun autre prince, encore moins aux princes d’Angleterre, qui sont nos ennemis.

Tous nos fidèles sujets furent toujours traités humainement, protégés et gardés, avec tous leurs biens ; c’est pourquoi ils ont consacré toutes leurs ressources à maintenir ladite forteresse dans notre obédience par des veilles de jour et de nuit, par la réparation des murs et des tours, par le paiement des soldes des gardes et du capitaine.

Et ces dépenses, ils les ont consenties en échange de l’immunité financière, c’est à dire, de l’exemption des contributions ou impositions décrétées par nos prédécesseurs, nos lieutenants et nos officiers, lesdits habitants de Capdenac, tant les nobles que les autres, nous suppliant humblement de leur faire la grâce, pour les motifs déjà cités, de les maintenir, conserver et protéger, eux et leur successeurs, dans leurs susdites libertés et exemptions de toutes contributions. Les mêmes habitants nous suppliant également, sauf pour l’appel à Nous-même ou à notre Sénéchal de Rodez, de faire en sorte que personne d’autre que leur propre juge d’ordinaire n’ait le droit de les assigner et poursuivre, attendu qu’en raison des insécurités nées de la guerre et des conflits, il leur est impossible de compter sur une justice sereine de la part des Sénéchaux de Périgueux et de Cahors ayant juridiction sur les terres du Quercy.

C’est pourquoi considérant comme juste et équitable de sanctionner les mérites de nos fidèles sujets par quelques dignes récompenses, et dans l’intention de les affermir et de les encourager aussi dans la réparation de ladite forteresse, la défense de celle-ci, l’entretien des gardes et du capitaine dudit château et le paiement de leurs soldes.

Nous disons, voulons, et déclarons lesdits habitants du château de Capdenac et de tout même district quittes, exempts et libres de tout impôt, subside et tribut levés sur eux et sur leurs biens ou susceptible de l’être dans l’avenir, que ce soit pour fait de guerre, passage d’armée, salaire de gens d’armes ou pour toute autre cause quelconque, et c’est notre volonté que lesdits habitants soient maintenus et conservés dans ces privilèges.

Et pour augmenter nos largesses en faveur de ce que nous voulons maintenir et garder dans leurs dites franchises, libertés, immunités et exemptions précitées, Nous les soustrayons à toute juridiction, connaissance, information et comparution aux assises des Sénéchaux de Périgueux et de Cahors, étant sauf également, après ladite Sénéchaussée de Rodez, le droit d’appel, par dévolution, au Parlement de Toulouse institué depuis peu.

Enjoignant à tous nos lieutenants en lesdites régions et à tous les autres officiers de justice, ainsi qu’à quiconque d’entre eux qui en aura été requis, de veiller à ce que les dits Consuls, manants et habitants desdites forteresse et châtellenie de Capdenac usent, profitent et jouissent paisiblement et tranquillement de ces prééminences, privilèges et prérogatives, ordonnant aux dits lieutenants et officiers de s’employer à défendre et protéger ces mêmes suppliants dans ces mêmes droits.

Parce que nous avons voulu et décrétons qu’il en soit ainsi, parce que nous l’avons concédé et le concédons par grâce spéciale et de notre pleine autorité royale, Nous voulons, entendons être obéi ainsi par tous nos sujets placés sous l’autorité de nos représentants en cette région.

Et pour que la concession de maintenant ne puisse être violée dans l’avenir, nous avons fait apposer notre sceau sur les présentes.

Donné à Vincennes, l’an 1320, au mois d’avril. (Philippe) Nous autorisons, approuvons et confirmons les précédentes lettres et privilèges. Donné à Paris, au mois de juillet 1361. (Jean) Nous les autorisons, approuvons et confirmons selon leur teneur. Donné à Salvanès, au mois d’octobre 1393, et de notre règne le 13° » (Charles).

Les écrits anciens

– En 1214, le chroniqueur Pierre de Vaux, moine de Cernay, souligne le caractère important et historique de cette « place forte très puissante … qui, dès l’antiquité, avait été comme un nid et un refuge de rebelles ».

– En 1320, dans la charte de Philippe V le Long on peut lire ces mots : « …notre ville de Capdenac, jadis nommée Uxellodunum »

– En 1361, la charte de Jean II le Bon, mentionne et confirme la charte de 1320.

– En 1369, (avril, novembre), les chartes de Louis 1er, Duc d’Anjou, 2e fils de Jean II le Bon, lieutenant du Roi Charles V le Sage, confirment les précédentes. Elles authentifient la charte de Charles VI d’Octobre 1393, laquelle s’y réfère, (voir encadré).

– Au XIVème siècle encore, un procès entre les Armagnac et la ville de Figeac mentionne : « … Capdenac, dit Uxellodunum ». (Archives de Figeac)

– En 1443, acte mentionnant la vente du « champ de Cani », situé encore actuellement à Laroque (archives de monsieur le curé de Capdenac) : « Cani », probablement de « Caninius », légat de César.

– En 1543, dans l’édition Latine des « Commentaires sur la Guerre des Gaules » sortie des presses de Vascosan, Uxellodunum est placée sur la rive droite du Lot à Capdenac en Quercy.

– En 1589, Blaise de Vigenère rapporte que « la plus commune opinion place Uxellodunum à Capdenac en Quercy ».

– En 1634, le duc Henry de Rohan, gendre de Sully, traduit Uxellodunum par Capdenac.

– En 1648, Philibert Monnet, dans sa géographie générale des Gaules, place Uxellodunum à Capdenac sur le Lot.

– En 1715, Pigeniol de la Forge signale le premier les privilèges accordés à Capdenac par Philippe le Long.

– En 1717, Capdenac est officiellement nommé Uxellodunum dans les actes de la célèbre Université de Cahors.

– En 1723, l’Historien Anquetil place Uxellodunum à Capdenac.

– En 1816, après avoir mené les fouilles, les frères Champollion situent Uxellodunum à Capdenac (« Nouvelles recherches sur la ville gauloise d’Uxellodunum »).

– En Août 1865, la commission Laquiante, entérine ces déductions.

– En 1865 toujours, le document A. Morin se termine ainsi : « Capdenac est Uxellodunum … et il en sera ainsi pour tous ceux qui reconnaîtront un individu à son exacte ressemblance avec la peinture physique et morale qui en aura été faite. » (archives dép. du Lot)

– En 1956, le comité de recherche Sors / Ventach / Marty, conclue de même.

– En 2004, l’Association pour Uxellodunum à Capdenac confirme.

 

Dessin d’André Noché du siège d’Uxellodunum-Capdenac

Siège d’Uxellodunum-Capdenac – Dessin d’André Noché (1982)